L’entreprise de Saint-Félicien, qui justifie sa décision par la survie de ses 25 employés et pour « aider à ralentir la propagation de la COVID-19 », se retrouve depuis dans un tourbillon incessant.
Plus de 1200 masques ont été commandés par des citoyens et des entreprises en moins de 24 heures alors que les premiers masques devraient être disponibles d’ici la fin de la semaine.
La directrice générale de l’entreprise qui conçoit et fabrique des vêtements, Cindy Dufour, a tenu à mettre les choses au clair alors que les employés s’apprêtent à fabriquer des centaines de masques en tissu, et ce, en plein état d’urgence sanitaire.
« Le but n’est pas de remplacer les mesures de prévention annoncées par le masque. On ne veut pas que les gens aient un faux sentiment de sécurité. Le masque est une mesure supplémentaire », a-t-elle expliqué, mercredi, au Quotidien. Une publication contenant un message similaire a été partagée via les réseaux sociaux. « Ces masques en tissu ne sont pas le remplacement d’une quarantaine ni nous ne promettons pas une sécurité sans failles. Au contraire, nous prônons d’adopter toutes les mesures de sécurité indiquées par Santé Canada. Ici, nous offrons un masque de tissu pour aider le fait que nous ne pouvons plus trouver les meilleurs masques. Nous sommes au courant, nous étions détaillants des N95 et nous ne pouvons plus en commander pour nos clients », peut-on lire.
L’idée de fabriquer une version jeannoise de ces masques, qui se font rares sur les tablettes des différents commerçants, s’explique par plusieurs raisons. Depuis quelques semaines, Polaire +, qui a une division de vêtements de travail, n’arrive plus à obtenir les masques de type N95 en raison de la pandémie de la COVID-19.
Comme bien des entreprises, les annulations de commandes ont commencé à se multiplier en début de semaine. « Des entreprises comme des pépinières ont annulé parce qu’ils disaient ne pas ouvrir de l’été », cite en exemple Cindy Dufour.
Avec plusieurs contrats annulés, la direction de Polaire + s’est retrouvée avec un faible volume de travail à offrir à son équipe composée d’une vingtaine d’employés, dont une dizaine de couturiers.
C’est en observant ce qui se passait ailleurs sur la planète que l’équipe a décidé de fabriquer des masques en tissu. « En Europe, des manufacturiers se sont transformés et font des masques. Les gens en font même à la maison. Puisque nous fabriquons des habits de neige, nous avions déjà tous les tissus requis », précise Mme Dufour.
1200 masques en 24 Heures
L’annonce de cette nouvelle production n’est pas passée inaperçue sur les réseaux sociaux. Les utilisateurs de Facebook ont rapidement fait part de leurs commandes. Les employés de l’entreprise de Saint-Félicien peinent à fournir à la demande alors que les messages Facebook, les courriels et les appels de citoyens et de propriétaires d’entreprises sont nombreux. La direction songeait même, mercredi, à restreindre l’accès au commerce à la clientèle.
Mme Dufour explique que les masques sont commandés par plusieurs personnes qui doivent sortir de leur maison, dont des employés de commerce et des livreurs. Des personnes oeuvrant dans le domaine de la santé se sont également montrées intéressées.
Contactée mardi après-midi, Cindy Dufour avouait être dépassée par la demande. L’atelier de fabrication prévoyait produire une cinquantaine de masques par jour. Toutefois, plus de 1200 unités, vendues entre 9,99 $ et 11,99 $, ont été commandées en moins de 24 heures.
Les tailleurs ont amorcé le travail, mercredi, après la réalisation de quelques prototypes en polyester. Par la suite, la grande majorité des couturières se consacrera à la fabrication des items commandés.
Polaire + aurait bien aimé accoler une certification aux masques produits dans leurs ateliers. Toutefois, Cindy Dufour mentionne que les démarches s’échelonnaient sur plusieurs mois. En revanche, elle souligne la qualité du tissu utilisé.
Après avoir craint une baisse importante de la production, c’est tout le contraire qui se produit pour l’entreprise Polaire +.
« On se monte une équipe. On regarde avec des retraités. Tout le monde, ici, ne fait que ça en respectant les quelques commandes qui n’ont pas été annulées. Les programmeurs travaillent même à la mise à jour pour la vente en ligne sur notre site Internet », conclut la directrice générale.
Annie-Claude Brisson, Initiative de journalisme local, Le Quotidien